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Trésors de la politesse française




La politesse s’apprend et à en juger par le florilège de livres qui lui sont consacrés, elle suscite toujours un véritable engouement de la part de ceux qui souhaitent en maîtriser les rouages.

La politesse que l’on pourrait définir par le respect de l’autre dans les relations sociales, diffère selon les peuples, les mœurs et les cultures. L’élaboration des règles de politesse telles que nous les connaissons, s’est faite principalement au XVI et au XVII siècles, mais il est certain que dès l’antiquité, les hommes savaient d’instinct faire preuve de politesse et d’empathie lorsque les circonstances l'exigeaient.


Les règles de politesse d’hier, diffèrent radicalement de celles d’aujourd’hui. Les Civilités, les bonnes manières ou les Usages du monde, faisaient l’objet d’un code plus ou moins compliqué, destiné à enseigner aux nobles comment se comporter à la cour royale, lieu social de prédilection ou l’on était jugé en fonction de ses aptitudes à maîtriser les codes du savoir-vivre.

Ces codes permettaient non seulement aux aristocrates de se reconnaître entre eux, mais aussi d’écarter tous ceux qui n'appartenant pas à leur classe, en étaient dépourvus.


De l’art de s'habiller, de recevoir, de marcher dans la rue, de saluer un gentilhomme ou une femme de distinction, ou de celui de se comporter à table, d'entretenir une correspondance ou de dévoiler ses sentiments, tout était soigneusement exécuté selon des règles précises ; et honni soit qui mal les pratiquait. Ces règles étaient actualisées régulièrement et évoluaient en fonction des besoins de la Cour.


Aujourd’hui la grande majorité de ces règles nous apparaissent comme snobs, guindées et certaines ne manqueraient pas de faire sourire comme cette déclamation d'un courtisan du XVII ième siècle :


J'ose réclamer de votre extrême indulgence qu'elle daigne me permettre de vous exprimer, par la très excellente façon dont vous m'avez honoré, une reconnaissance qui, pour ce qu'elle est très sincère, et très immense, ne saurait cependant égaler la grâce insigne de votre faveur.

ou cette recommandation de A. de Courtin (1671) sur la manière de saluer :


...il faut le faire en se courbant humblement , ôtant son gant et portant la main jusqu'à terre, mais surtout, il faut faire ce salut sans précipitation ni embarras, ne se relevant que doucement de peur que la personne que l'on salue venant aussi à s'incliner ...on ne lui donne quelque coup de tête. Que si c'est une dame de qualité, il faut par respect ne la pas baiser, si elle même par honnêteté ne tend la joue, et alors même, il faut faire semblant de la baiser et approcher le visage de ses coiffes...

Il ne nous viendrait pas à l’idée de nous livrer à de telles courbettes aujourd'hui, mais à une époque où la société était divisée en classes bien distinctes, la politesse et les bonnes manières jouaient un rôle précis de marqueur social et permettaient d'honorer chacun comme il se devait.


Aujourd’hui bien des relents de cette politesse sont restés dans notre façon de saluer les autres, de nous tenir à table ou de nous adresser à des personnes dépositaires de l'autorité, permettant ainsi de manifester notre respect des convenances.

Songez qu’écrire un courrier au Maire de votre ville en commençant par Monsieur au lieu de Monsieur le Maire, dénoterait soit de l'ignorance, soit un certain mépris, qui serait ressenti comme tel.


Nous désirons à juste titre entendre un «Bonjour» lorsque nous saluons quelqu’un, un «Merci » lorsque nous offrons quelque chose ou un «Pardonnez-moi» lorsque quelqu’un nous bouscule par inadvertance. Nous n’avons guère envie d’être tirés du sommeil par le téléphone à une heure indue ou avoir une visite à l'improviste lorsque le moment ne s'y prête pas. Ces règles de politesse implicites, ont pour but de donner un cadre à nos interactions et de poser des limites à ce qui est acceptable ou non.


La politesse et les bonnes manières devraient nous aider à éliminer toute ''sauvagerie'' dans le caractère, mais aussi nous permettre de nous polir et nous raffiner, comme le conseille Stendhal dans ses recommandations sur l'art amoureux (De l'Amour, 1822) ci-dessous :


Pour une femme timide et tendre, rien ne doit être au-dessus du supplice de s'être permis, en présence d'un homme, quelque chose dont elle croit devoir rougir ; je suis convaincu qu'une femme un peu fière, préférerait mille morts. Pour une femme au-dessus du vulgaire, il y a donc tout à gagner à avoir des manières fort réservées...

Et si le sujet vous intéresse, vous pouvez pousser la curiosité en vous procurant le livre Trésors de la politesse française dans la collection Le Français retrouvé, aux Editions Belin.

Un régal !



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